Annick,

Publié le par annickmadore.over-blog.com

Annick,

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J'étais toujours heureux de te rencontrer, à chaque fois et  quelque soit le lieu, tu étais toujours accueillante et souriante. Ton dernier sourire à mon égard faisait suite à une grossière plaisanterie de mauvais goût de ma part à l'hôpital ce vendredi 1er octobre.  A travers ce sourire tu me recadrais une fois de plus avec énormément de patience, tout mon contraire, c'est pourquoi nous parvenions à nous entendre sur l'essentiel comme le superflu.

 

 

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Mais qui est Annick ?

 

Annick Madoré, avec Sylvie Mélot, je l'ai rencontrée en 1990, dans le cadre de mes activités syndicales à la Ville de Rennes. Nous avons fait un bout de route militant ensemble, puis très vite nous sommes devenus des amis en plus d'être des camarades de lutte.  Nous étions (et sommes) guidés (par un seul objectif  "la défense collective" des intérêts des salariés. Chacun de nous, à aucun moment, n'a profité de cette situation pour engranger un quelconque avantage. Annick avait une énorme qualité, celle du travail discret, jamais sur la scène pour les hommages, mais toujours présente pour le travail collectif.

 

Je me souviens très bien du moment et du lieu où nous sommes réellement devenus amis. C'était au Foyer de personnes âgées du Gros Chêne, là où elles travaillaient toutes les deux. Je m'étais arrêté déjeuner avec elles, nous nous sommes découverts et trouvés.

 

 

 

Sa vie militante :

 

Engagée à la CGT des communaux de Rennes, toujours volontaire pour les tâches ingrates, celles que l'on ne remarque pas toujours, celles qui font gagner le syndicat et pour qu'il soit reconnu, cette quotidienneté qui donne confiance aux salariés, c'était Annick. Mais, cette confiance on ne la gagne que si la déléguée est une bonne professionnelle et une excellente collègue et camarade. Or Annick était tout cela. A tel point qu'elle fut victime de souffrance au travail et d'un véritable harcèlement d'une chef de service. Annick en a beaucoup souffert et laissé une partie de sa santé. Que cette chef (VM) le sache, je ne règle pas des comptes, j'écris qui était Annick Madoré.

 

Chose rare, Annick, y compris dans le cadre de sa vie privée, aidait ses collègues dans la difficulté. Toujours guidée par le désintérêt, avec les mots d'encouragement qui convenaient. Elle ne supportait pas de voir quelqu'un dans la détresse. Dernièrement elle me reprenait vertement parce que j'avais refusé l'obole à une mendiante. Mes arguments sur le RMI- RSA  firent long feu face aux siens, ma fierté en a pris un coup ce soir là. C'était au printemps dernier.

 

Annick était tout cela, force de persuasion,  capacité à comprendre, une analyse toujours juste et réfléchie, une patience à toute épreuve (il en faut beaucoup dans le monde militant). Mais jamais une expression de haine ou une parole blessante à l'égard de qui que ce soit.

 

Lorsqu'elle était agressée (dans les débats et ça existe), elle répondait avec un sourire sincère qui signifiait : "chante toujours beau coq" Preuve de sa sagesse épanouie et de sa capacité à se projeter vers l'avant. Ce comportement on ne l'apprend pas dans les livres, il est inné. Il résulte de l'expérience de la vie et de souffrances endurées au fil des années, avec cette volonté farouche de ne jamais décevoir quelqu'un.

 

Annick aimait à partager ses valeurs  d’humanisme, d’antiracisme,  de  tolérance,  elle était une véritable laïque républicaine, car elle savait d’où elle venait.  « Qui sommes-nous, d’où venons-nous, où allons-nous » (Paul Gauguin) Nous en parlions très  souvent de ces questions, fondatrices d’une société empreinte de justice sociale.

 

Et puis quel ne fut pas ma fierté, il y a deux ans lorsqu’elle choisit de rejoindre le Parti Socialiste et ma section. Une farouche volonté d'améliorer la société l'animait. Elle se battait pour le vivre ensemble. Nos débats étaient ardents et toujours chaleureux, notamment sur les retraites, la protection sociale, les questions de société…

 

Elle était également amoureuse des beaux livres, ceux qui enrichissent, ceux qui forment l'esprit, ceux qui forgent le caractère, ceux qui éduquent, ceux qui libèrent. Cette passion de la lecture et de l'écriture tu la mettais au service de tous. Oui  Annick, tu étais une femme de culture, amoureuse également de la peinture et du dessin… On ne peut pas aimer les gens si l'on n'aime pas se cultiver et s'enrichir soi-même.

 

C'est cette cohérence chez Annick qui m'éblouissait, sa puissance d'action me fascinait et plus encore sa patience.

 

 

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Gisèle et Annick (deux inséparables copines)

 

La maison du bonheur

 

La maison du bonheur n’est pas un vain mot c’est une réalité. Sa porte était toujours ouverte, pour sa famille, ses amis, ses collègues et voisins. Certains entraient directement, d’autres frappaient à la porte ou donnaient un coup de sonnette  (c’était mon cas) mais personne n’attendait qu’Annick vienne ouvrir. Ce n’était pas l’habitude de cette maison. L’accueil y était vrai, réel, simple, sans tambour ni trompette, naturellement nous nous sentions chez nous.

Une organisatrice d’anniversaires, de réveillons, de fêtes géniales où toutes les générations  prenaient énormément de plaisir à partager ces soirées conviviales. Annick tu étais la reine des nuits blanches et toujours tu veillais à ce que chacun soit bien. Quel œil tu avais !

 

Plus personnellement, il y a deux ans, fin juin, je l'appelle en plein désespoir, ma vie privée venait de basculer, et seul, je ne pouvais pas reprendre pied en peu de temps comme cela est nécessaire.  Quelle satisfaction pour moi de voir Annick, Sylvie et Céline m'accueillir à bras ouvert, comme si je les avais quittées la veille. Alors que depuis plusieurs années nous étions séparés. Grâce à elles, j'ai repris pied en quelques semaines, évacuant des années de souffrance. Annick avait cette capacité à trouver les mots justes, ceux qui touchent et portent.

 

C'est simplement ce que je voulais te dire en ce mardi d'automne pluvieux  pour ton dernier voyage, et que je n'ai pas pu exprimer clairement tellement l'émotion, la douleur et le chagrin accaparaient mon esprit.

 

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Et comme tu aimais par-dessus tout l'amusement, la fête, l'humour, je termine sur cette photo de toi et de ta copine Gisèle. Je suis certain que c'est exactement ce que tu souhaite que l'on garde de toi le bonheur et la joie avant la tristesse.

 

A Hélène et Abdel, Yannick et Anne, Céline, Fabrice et Alexandra, à Sylvie et à ses petits enfants vous aviez (et avez) une maman, une belle-maman, une amie d'exception.

 

Annick tu nous manques mais tu continues ton chemin à côté de nous différemment. 

 

Patrick  Leborgne

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